Le constat est simple : absolument aucun être humain n’est dénué de culture. L’expression de soi nécessite cependant un apprentissage.
Depuis 2012, les artistes tatoueurs du programme tatouage libéré soutenu par l’association la Rutile, entrent en prison.
Passeurs de culture, ils partagent leurs techniques, principalement de dessin, mais aussi de recherche iconographique. Les artistes se nourrissent autant qu’ils donnent car ils considèrent les prisons comme un grand terrain créatif, un berceau du tatouage où les détenus sont les fers de lance de sa dimension universelle
En tant que technique artistique appliquée sur le corps, le tatouage nécessite des mesures sanitaires à respecter pour éviter la propagation de virus dont la population carcérale souffre plus qu’à l’extérieur (10 à 41 fois plus de VIH et Hépatites que dans la société civile). Le respect de ces mesures fait partie intégrante des compétences transmises par les artistes du Tatouage libéré



















L’association La Rutile, œuvre depuis 20 ans pour l’éducation populaire artistique, rayonnant depuis son ancrage en Seine-Saint-Denis vers les lieux de privation et de raréfaction culturelle. Elle a noué des liens avec le programme du Mexique et les artistes qui le soutiennent. Plusieurs d'entre eux ont traversé l’Atlantique afin d’apporter leurs contributions à l’exposition « Des murs sur la peau, tatouages et prisons » mais aussi aux ateliers.





































“Le tatouage, on le fait ici à la maison centrale de Poissy mais c’est dangereux et les dessins sont très basiques. Que du noir et gris, pas de dégradés ni de couleurs. Des fois, on doit aller vite et ça pousse aux erreurs.
En plus, y’en a qui font n’importe quoi. Quand on voit ce que les pros du tatouage font à l’extérieur, ça donne envie, ne serait-ce que pour recouvrir les
erreurs de jeunesse, les cicatrices, ou changer d’air, rendre hommage à nos proches lors de nos longues incarcérations. Et avec le matériel de bord, c’est dur par exemple de faire du portrait.”
Parole de détenu, Maison Centrale
de Poissy, 2018



















• Faire prendre conscience aux détenus de la dimension universelle du tatouage universel aux détenus par la découverte de livres et d’illustrations en rapport direct ou indirect avec le tatouage. Initier aux pratiques culturelles.
• Informer des mesures de prévention sanitaire autour du tatouage.
• Apprendre les bases du dessin à partir des patrons de tatouage.
• Montrer le métier de tatoueur comme une option de réinsertion sociale.
• Inciter les détenus à raconter leurs histoires autour du tatouage. Permettre la parole. Donner confiance dans celle-ci.
• Créer une passerelle entre des artistes-tatoueurs et les détenus.
• Revaloriser la culture des détenus par le tatouage.
• Valoriser la culture des détenus à l’extérieur.













Il existe quelque part au Mexique des prisons équipées de salles d’arts plastiques, de presses à gravures, de salles de tatouage sanitairement impeccables, de matériels et de livres d’art en libre accès... Dans ces prisons, les artistes entrent et sortent au fil de résidences artistiques, réalisent des vernissages d’exposition, font vendre leurs œuvres d’art aux détenus, …





















Aussi longtemps qu’on leur permettra l’accès à ces lieux difficiles, les artistes inviteront à raconter des sentiments, des attachements, des désirs, des blessures… pour mieux se connaître, partager, échanger mais aussi donner confiance, montrer le meilleur d’une population, ouvrir des possibles.











Fleury-Mérogis : Malgré la vétusté du lieu où nous étions censés dessiner (certains détenus ont été obligés de ramener leurs chaises et nous d'en nettoyer d'autres), on a réussi à créer des liens, des moments d'échanges profonds, de vraie chaleur humaine...parce que ce sont bien des humains qu'on enferme dans ces prisons et on aurait tendance à l'oublier, des gens qui ont peut être juste eu moins de chance que nous... Certes ils ont commis des exactions, des crimes et la prison a vocation de les punir mais aussi de les réinsérer. Nous faisons partie de cette mission.
















































En 2025, le sésame pour venir travailler y compris bénévolement dans les prisons françaises devient de plus en plus difficile pour ne pas dire impossible avec les dernières directives sur la fin des activités ludiques en milieu carcéral.
A SUIVRE ....